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Cinéma

En salle depuis mercredi 28 mars, "Marie Madeleine" raconte l'histoire de celle qui fut premier témoin de la résurrection... tout en prenant ses distances avec les textes bibliques. Voici l'avis du quotidien La Croix et la bande annonce de ce film...

"Combien de fois ne l’a-t-on vue sous les traits d’une pécheresse repentie, d’une amoureuse éplorée, voire de l’épouse charnelle de Jésus... Manifestement résolu à éviter ces poncifs, le réalisateur australien Garth Davis (Top of the Lake, Lion) s’attache ici à dépeindre une Marie Madeleine plus proche de ce qu’en disent les Évangiles : une fidèle disciple du Christ (1). « L’apôtre des Apôtres », même, pour saint Thomas d’Aquin, puisqu’on ne sait presque rien de cette Galiléenne sinon que Jésus la délivra de sept démons et, surtout, qu’elle fut le premier témoin de la Résurrection.

Le film qui sort mercredi 28 mars en France souscrit à cette allégation, quitte à évacuer quelque peu les « Douze » (et donc à manquer cruellement de personnages secondaires) pour faire de Marie Madeleine la seule apôtre véritable.

Seule femme d’une équipée masculine

Mystique ardente et solitaire, aussi inadaptée à la vie de famille qu’au quotidien monotone du port de pêche de Magdala, la jeune Marie, délicatement interprétée par l’Américaine Rooney Mara (Millenium), voit dans l’arrivée d’un populaire guérisseur de Nazareth la possibilité d’une renaissance – Joachim Phoenix campe du reste un Jésus passablement agaçant, fébrile et distant. Seule femme d’une équipée masculine, la voilà qui le suit sur les routes de Galilée puis de Judée, après avoir été baptisée par lui dans les eaux de Tibériade.

Ce détail n’est pas la moindre des prises de distance avec le texte biblique, puisque ce Christ-là refuse par ailleurs de la délivrer d’un quelconque mal : « Il n’y a pas de démons ici », déclare-t-il à l’issue de leur première rencontre, belle scène tout en pudeur et en suggestion.

Judas brûlant d’impatience

D’une manière générale, le film se joue des attentes du spectateur, qu’il soit un habitué des Écritures ou des sanglants péplums bibliques: la Cène et la Passion ne sont ici que brièvement représentées – dans une Jérusalem par ailleurs reconstituée de manière assez médiocre. Le réalisateur se dispense même de la scène de reconnaissance du Ressuscité par Marie Madeleine, pourtant bouleversante dans l’Évangile de Jean, au matin de Pâques.

Quelques belles intuitions méritent toutefois d’être saluées, comme ce Judas brûlant d’impatience à l’idée de l’avènement du Royaume de Dieu, pressé qu’il est de retrouver sa femme et son enfant disparus ; ou encore le motif récurrent de l’immersion dans l’eau, comme une préfiguration possible du Royaume dont Marie Madeleine se plaît à imaginer les sensations physiques.

La confrontation entre elle et Pierre, qui se dit déjà « à la tête de l’Église » quelques instants après la Résurrection (quel anachronisme?!), et son interprétation sans doute plus pertinente des événements survenus à Jérusalem achèvent de faire de ce film un manifeste féministe, plaidant pour une réhabilitation de cette apôtre négligée par l’Histoire."

Journal La Croix - Mélinée Le Priol

A noter :

Marie Madeleine est à l'affiche du cinéma CGR Tours Centre