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Evêques de France
Que retenir de cette dernière assemblée ? Peut-être est-ce la question que vous vous posez en lisant le discours de clôture de Mgr Eric de Moulins-Beaufort, un discours dense et toute en nuances, qui reflète bien les préoccupations des évêques et leur souci de rester ancré dans les réalités d'aujourd'hui. Mais plutôt que d'énumérer tous les thèmes abordés, voici un extrait qui peut plus particulièrement nous interpeler...
A la veille du 11-novembre, commémoration de l’armistice qui mit fin à la première guerre mondiale, il est affreusement triste de réaliser qu’une guerre de tranchée se mène aujourd’hui à nos portes dans laquelle des hommes se battent pour gagner puis perdre puis gagner encore quelques mètres de terrain, il est poignant de songer que des hommes sont tués, blessés, mutilés, si près de chez nous et pour un combat qui nous concerne tous, qui met en jeu notre conception à tous de la liberté et de l’ordre international. Le cadeau que nous a laissé Mgr Shevchuk, un fragment d’un drone destiné à bombarder la maison dans laquelle il réside à Kyiv, est significatif à cet égard. En participant aux cérémonies officielles demain et en célébrant saint Martin, hongrois devenu soldat romain, en garnison en Gaule, puis moine et évêque à Tours, grand marcheur des routes d’Europe, nous prierons pour qu’advienne la paix mais la paix dans la justice et la vérité et pour que se préparent les voies de la réconciliation.
Nous prierons aussi parce qu’il est terrible de penser que notre foi chrétienne qui nous unit les uns aux autres, qui nous fait frères et sœurs dans le Christ, puisse être utilisée pour justifier une guerre de conquête et certaines exactions. Nous avons entendu de Mgr Shevchuk le travail de discernement qu’il tâche d’opérer pour soutenir le patriotisme en le distinguant d’un nationalisme qui aveugle et pour dessiner les contours périlleux d’une guerre juste, menée de manière juste, alors qu’il faut utiliser la force et la violence.
En célébrant la messe où nous demandons, dans la troisième prière eucharistique : « Étends au monde entier le salut et la paix », nous portons tous les morts, tous les blessés, toutes les personnes traumatisées à jamais, les vies brisées ou empêchées par la violence, et nous les confions à Celui qui, « ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu » mais « s’est anéanti… devenant semblable aux hommes » et « s’est abaissé, devenant obéissant et jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » Le Christ, le Fils consubstantiel au Père, n’est pas mort pour rien mais il a affronté la violence terrible qui habite le cœur des humains et tant et tant de leurs actes. Dans la joie de nous retrouver à Lourdes, en ce sanctuaire pacifique, nous ne l’avons pas oublié, tout au contraire. Nous avons mieux réalisé que l’aboutissement de l’œuvre du Christ n’est pas la domination politique d’un empire mais le don de l’Esprit-Saint qui transforme les libertés de l’intérieur et ouvre chacun ou chacune à tous les autres.
Mgr Eric de Moulins-Beaufort,
archevêque de Reims,
président de la Conférence des évêques de France
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A noter :
Les évêques ont également rédigé une lettre en vue du jubilé 2025