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Mgr Jordy a béni la ville de Tours

A la basilique Saint-Martin, dimanche 19 avril, Mgr Vincent Jordy a béni la ville et le diocèse en présence de Jean-Gérard Paumier, président du Conseil départemental, de Philippe Briand, président de Tours Métropole et de Christophe Bouchet, maire de Tours...

Pourquoi sommes nous réunis ici ce soir dans cette basilique ? Pour demander l'intercession et la prière de saint Martin.

Depuis des semaines maintenant, notre monde est frappé par ce virus étrange, minuscule, microscopique, qui pourtant paradoxalement occupe toute notre attention, et qui a notablement transformé nos manières de vivre.

L'espace de nos vies c'est réduit. Parfois, et pour bon nombre de nos anciens, dans la solitude. Parfois dans la promiscuité aussi, voire la tension, la violence, l'angoisse. Des familles souffrent d'être séparés des leurs. Beaucoup sont inquiets pour des parents âgés ; certains enfin sont dans la peine, la peine d'un être cher auquel on n'a parfois pas pu dire « au revoir » ou bien qu'on n'a même pas pu accompagner dans son dernier adieu. Chaque soir, à nos fenêtres, à nos balcons nous sommes aussi nombreux à applaudir, à remercier ceux et celles qui, il y a quelques mois étaient parfois, il faut bien le dire, invisibles, transparents ; gens modestes, métiers modestes, mais dont nous avons tellement redécouvert la nécessité, parfois vitale : les soignants, toutes ces personnes qui font que notre société continue d'avancer alors que nous sommes tous enfermés, privés de notre vie sociale. Il est important de leur dire ce soir notre remerciement et de demander pour eux l'intercession de saint Martin pour qu'ils puisent persévérer, garder la paix malgré la fatigue, la charge, le risque.

L'épreuve que nous traversons ensemble est aussi un moment intense de retour sur nous-mêmes qui invite à la réflexion, à la lecture, à la relecture de ce qui nous arrive. Beaucoup disent et écrivent qu'il faudra peut-être penser notre société avec d'autres priorités demain. Nous redécouvrons en effet que nous étions comme dans une sorte d' « hubris », d' « ébriété » collective, pensant que rien ne pouvait nous résister, que rien ne pouvait nous arriver que nous n'ayons prévu, voulu, décidé. Le réel nous ramène à plus de modestie. Nous ne comprenons pas tout, nous ne maîtrisons pas tout.

Un philosophe français, académicien de surcroît, disait même plus directement sur un plateau de télévision il y a quelques jours, je le cite, s'émerveillant comme nous le faisons tous - moi le premier - des avancées scientifiques dans la recherche sur ce virus, il disait : « la science n'est pas l'omniscience, elle ne met pas l'homme sur le trône de Dieu. Nous restons prisonniers de notre finitude ». C'est peut-être ici que le croyant, le chrétien, l'évêque que je suis ajoute alors juste un mot : oui, nous étions « prisonniers de notre finitude », mais nous venons justement de fêter en ces jours la fête de Pâques, la victoire de Jésus sur la mort. Nous étions, oui, prisonniers de notre finitude, mais quelqu'un a ouvert les portes de notre finitude. Quelqu'un a ouvert les portes de notre confinement et nous offre l'éternité. 

C'est ce mystère d'un Dieu qui déborde toutes les limites par sa vie, par son esprit que va découvrir Martin. Il va faire l'expérience de Celui dont saint Paul nous disait - vous l'avez entendu dans cette magnifique première lecture - qu'il est source de réconfort, de consolation. Et que recevant la consolation et le réconfort de Lui, nous pouvons ainsi réconforter les autres. C'est bien ce réconfort, c'est bien cette consolation qu'apportera Martin en partageant son manteau un jour, près d'Amiens, et combien de fois ensuite, jusque dans la cathédrale de Tours, où il enlèvera un jour un de ses vêtements pour en revêtir un pauvre. C'est ce mystère d'un Dieu qui aime sans limites que Martin va accueillir dans l'Evangile, particulièrement ces béatitudes que nous avons entendu proclamées à l'instant : « Heureux les pauvres de cœurs, heureux les doux, heureux ceux qui ont faim, heureux les miséricordieux, heureux les artisans de paix ». Ces béatitudes qui sont tout simplement, mais pleinement le portrait du visage de Jésus, que Martin a voulu suivre.

Oui, Martin va suivre sans limite Celui qui aime sans limite et qui déborde toutes limites. Et c'est pourquoi Martin va déborder, va traverser tout ce qui pouvait, ou tout ce qui aurait pu, confiner son propre cœur. Il va dépasser la limite de ses peurs sûrement, de ses inquiétudes, de son égoïsme, de ses doutes, comme nous sommes invités nous-mêmes à le faire en ce temps. Oui il va ainsi devenir lui-même, Martin, source de consolation pour tous et toutes. Durant sa vie terrestre d'abord mais aussi dépassant avec Jésus, uni à Lui, dépassant le confinement de la mort, vivant avec Lui de l'éternité, il va pouvoir intercéder aujourd'hui pour nous, en ce moment même pour nous. Qu'il soit donc ce soir source de grâce et de consolation pour tous ceux et toutes celles pour lesquels nous prions et que nous allons maintenant lui confier.

Aimons sans limite et nous serons comblés au-delà de toutes limites. C'est la route de l'espérance que Martin nous ouvre.

Mgr Jordy, archevêque de Tours

Voir, ci-dessous, la célébration :

A voir, également, sur Facebook, le recueillement au tombeau de saint Martin avant la célébration