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Migrants

Le diocèse organise une journée de réflexion sur l’accueil des migrants samedi 29 septembre à Tours. Pourquoi ? Comment ? Réponses de Brigitte Bécard, déléguée épiscopale à la solidarité…

Il est de plus en plus souvent question des migrants dans l’actualité. Y compris en Touraine. Pourquoi ?

En effet, c’est dans toute la France et pas seulement en Touraine.

D’abord parce que les conditions d’accueil ne sont pas optimales :

  • manque de personnels dans les plate-formes d’accueil,
  • manque de moyens financiers pour l’hébergement,
  • longueur de l’attente pour les demandeurs d’asile,
  • manque de prise en compte de la situation des personnes déboutées qui ne peuvent repartir pour différentes raisons,
  • interdiction de travailler pour des gens pleins de ressources et de talents,
  • ...

Et parce que l’arrivée de nombreux mineurs depuis plusieurs mois pose de nouvelles questions sur leur accompagnement, leur prise en charge, leur formation.

Est-ce uniquement pour des raisons financières et logistiques que leur présence et accueil posent problème ? 

C’est effectivement un problème de moyens mis en œuvre, mais il y a aussi une peur de l’autre, car issu d’une d’une autre culture ayant d’autres habitudes. Or, avec tout ce qu’ils ont vécu, ils nous ouvrent souvent sur des valeurs de solidarité et de courage.

En organisant une journée sur l’accueil, le 29 septembre, quels objectifs poursuivez-vous ? 

Le titre de la journée « De l’hostilité à l’hospitalité » veut insister sur le fait que des personnes qui ont peur de l’arrivée de migrants, parce qu’elles n’en ont jamais rencontrées, par exemple, peuvent changer de regard et de comportement dès qu’elles sont amenées à rencontrer physiquement des personnes qui ont une histoire de vie de souffrance, de galère et qui ont des richesses intérieures. L’indifférence ou la peur sont souvent anéanties par une rencontre face à face. On peut  se laisser toucher et ouvrir son cœur.

Ce jour-là, qui interviendra et pour dire quoi ?

Le maire d’une ville de région parisienne, Guy Poupard : il s’est vu dans l’obligation d’accueillir et pourra témoigner que beaucoup d’habitants sont passés justement de la peur à l’accueil. Il nous parlera de ce chemin d’acceptation.

Véronique Albanel, philosophe et présidente d’une association, Welcome, qui accueille des migrants, sera également présente. Elle va  nous aider à réfléchir sur ce qu’est l’hospitalité.

Des acteurs locaux, une famille d'Entraide et solidarités, une migrante du Secours Catholique, un migrant et une accompagnatrice de Welcome à Tours, les membres d’une paroisse… pourront dire eux aussi comment l’accueil les a transformés et, pour les migrants, ce qu’ils attendent de notre hospitalité.

Le pape a appelé à plusieurs reprises à venir en aide aux migrants. Mais, concrètement, aujourd’hui, de quelles ressources notre diocèse, par exemple, dispose-t-il pour les accueillir, accompagner, etc. ?

Le diocèse est engagé depuis de nombreuses années, soit directement, soit par l’intermédiaire du Secours Catholique, dans l’accueil et la sensibilisation des chrétiens à cet accueil des migrants. Welcome a été créée à Tours après plusieurs rencontres à la Maison diocésaine. Des paroisses se sont mobilisées pour accueillir, héberger, accompagner... le diocèse a mis une maison, des presbytères et des appartements à disposition de familles migrantes. Il y a un travail avec des associations partenaires...

C’est un souci constant de notre évêque d’être attentif aux plus pauvres. 

Enfin, à deux reprises, ces derniers mois, et dans deux lieux différents, le diocèse a été directement confronté à l’installation, sans autorisation, via des associations, pendant plusieurs semaines de plusieurs dizaines de migrants. Certains étaient mineurs et ont été pris en charge par le Conseil départemental (dont c’est la responsabilité légale), d’autres étaient adultes. Où en est-on à présent ?

Le problème de l’hébergement d’urgence en Touraine reste aigu.

Il y a encore des personnes et des familles à la rue et une demande est faite aux élus et responsables d’organiser une rencontre de concertation pour essayer de trouver des solutions durables. Il est insupportable, chaque année, de toujours solliciter des hébergements et que de l’argent public serve à payer des hôtels.

Il faut que les chrétiens mettent en œuvre l’hospitalité, mais il faut aussi pousser l’Etat à y mettre plus de moyens.

B.V.