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Année Saint Martin
Les Sept Dormants, dans la tradition chrétienne, sont sept jeunes gens d’éphèse persécutés pour leur foi (250 ap. J.C.) qui auraient dormi plusieurs siècles avant de se réveiller miraculeusement. Les Gens de la Caverne – dont la sourate XVIII du Coran raconte le récit – sont reconnus comme ceux que les chrétiens nomment les Sept Dormants. Ils sont témoins, par avance, de la Résurrection pour les chrétiens et les musulmans. Cette tradition a fait le tour de la Méditerranée et bien au-delà, en chrétienté comme en islam. Quelque deux cents manuscrits et une centaine de lieux de culte en sont témoins. Par cette expansion, mais aussi par son message, c’est une tradition universelle : elle parle aux croyants des questions essentielles de la condition humaine, de la mort et son « après », de la Résurrection et du témoignage de foi.
Des Dormants disciples de saint Martin ?
A l’abbaye de Marmoutier de Tours, la grotte des Sept Dormants témoigne d’un culte rendu à sept frères, disciples de saint Martin, qui y ont vécu dans le silence, le jeûne et l’oraison. Après sa mort, saint Martin leur serait apparu plusieurs fois et leur aurait annoncé leur mort prochaine. Ils seraient morts tous les sept le même jour, prosternés en oraison. Si les sept disciples de saint Martin n’ont pas été martyrs et n’ont pas ressuscité, l’inspiration de cette tradition a bien un lien avec celle des Dormants d’éphèse qui a été répandue largement en Occident par les écrits de Grégoire de Tours. Comme ceux d’éphèse, les Dormants de Marmoutier se sont séparés de tous leurs biens, ont quitté le monde et se sont abandonnés à Dieu dans la solitude d’une grotte. D’autre part, l’affluence des pèlerinages des Tourangeaux au temps de Pâques (XIIIe siècle) montre que les Dormants sont, à Marmoutier aussi, vénérés comme annonciateurs de la Résurrection.
Pourquoi un colloque et une rencontre ?
Le grand retentissement de cette tradition en chrétienté et en islam nous interpelle, dans un monde où la coexistence des religions et des croyants ne va pas de soi. Il semble d’autant plus important de nous interroger ensemble, croyants chrétiens et musulmans, sur le sens de cette tradition pour nous, aujourd’hui. Ce culte est un patrimoine commun au christianisme et à l’islam. Il est bon de prendre le temps de nous écouter mutuellement pour que chacun apprenne de l’autre, croyant, comment cette tradition participe pour lui à la connaissance de l’homme, de sa destinée, et du divin.
Des théologiens musulmans et chrétiens, historiens, sociologues, pour certains spécialistes de cette tradition ou du culte, vont nous aider à creuser son sens aujourd’hui. Des temps d’échange, repas, carrefours laisseront un espace pour la rencontre.
Après une présentation de la grotte de Marmoutier, et de son lien avec les Dormants d’éphèse, nous lirons et comprendrons les sources musulmanes et chrétiennes, et leur sens dans les deux traditions. Deux thèmes essentiels seront abordés : l’annonce de la Résurrection, et la dimension du retrait du monde, de la grotte comme lieu où l’homme quitte ses semblables pour être plus disponible à Dieu.
Nous explorerons ensuite les lieux de culte des Dormants autour de la Méditerranée, et les organisateurs du pardon de Vieux-Marché (Côtes d’Armor) - seul pèlerinage islamo-chrétien des Sept Dormants que l’on connaisse - viendront témoigner de ce qui s’y vit depuis 60 ans.
Des carrefours autour des thèmes de cette tradition et de son culte réuniront les participants l’après-midi du dimanche, après un grand pique-nique.
Marie-Laure Morbieu, Déléguée diocésaine au dialogue interreligieux
