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COVID 19 & politique

Au niveau local, comment les élus ont-ils géré la crise du COVID 19 et le confinement ? Réponses de deux d'entre eux, Serge et Didier, par l'intermédiaire de CEP 37, le mouvement des chrétiens engagés en politique.

Comment le confinement a t-il été vécu dans vos communes ?

Dans un premier temps, ce fut une période compliquée, puis avec « l’habitude » et à travers les médias, une certaine normalisation s’est faite, même si les messages étaient particulièrement anxiogènes. Par ailleurs, dans notre commune, alors qu’elle avait perdu les élections dès le premier tour, l’équipe sortante a du continuer à piloter la vie publique. Et ce sont les personnels de la mairie qui ont, de fait, pris les choses en main, la nouvelle équipe étant priée de rester chez elle. 

Au niveau des habitants, de nombreux bénévoles se sont mobilisés - une conséquence « positive » de la pandémie - accompagnés dès la deuxième semaine par la municipalité. Les personnes « à risques » ont donc été rassurées, et leur isolement (du fait de l’interdiction des déplacements de leurs familles) a été un peu diminué.

Etait-ce, selon vous, un "mal nécessaire" ?

Oui, je pense qu’il fallait que la population prenne en compte la dangerosité de cette pandémie, et le confinement a contribué à cette prise de conscience. Mais l'évolution des avis scientifiques, assorties de « fakenews » multiples (alimentés par les réseaux sociaux), n’ont pas favorisé un climat de confiance et ont créé une anxiété préjudiciable.

Dans notre commune, les familles en appartement ont particulièrement souffert, notamment dans les logements sociaux aux surfaces souvent limitées. Un accompagnement attentif post-confinement est indispensable.

Qu'est-ce qui vous préoccupe le plus à présent ? A court, moyen et long terme ?

Le stress accumulé va avoir des conséquences post-traumatiques, mais aussi des conséquences économiques sur les commerces, les artisans, et sur les familles déjà suivies par les services sociaux et aidées par le CCAS (Centre Communal d'Action sociale). Tous devront être particulièrement accompagnés et soutenus. On peut craindre, aussi, que de nouveaux foyers, avec des personnes qui n’avaient pas l’habitude de demander de l’aide, se retrouvent en grande fragilité… Il faut donc que l'accueil, en mairie, soit encore plus à l’écoute des citoyens qui ne connaissent pas les démarches leur permettant de recevoir un soutien légitime.

Pensez-vous, par ailleurs, que cette crise va remettre en cause certains modes de vie, certaines façons de travailler ? Et si oui, lesquels ?

Absolument. Les modes de vie vont évoluer, consommation en circuit court et surement plus portée sur l’essentiel, habitat extra-urbain, avec une recherche de loyers, mais aussi de charges, moins lourds, télétravail lorsqu’il est possible,… Mais on verra surtout - et c’est tant mieux - le développement des solidarités de proximité, que les municipalités pourront contribuer à intensifier.

Etes-vous prêts à accompagner ces changements ?

Le programme proposé aux électeurs lors des municipales allait déjà dans ce sens, que ce soit dans une démarche d’éco-responsabilité ainsi que dans une logique de solidarités de proximité. La pandémie a surement accentué la perception de beaucoup d’habitants en leur faisant penser qu’un tel changement est possible, et même indispensable. Néanmoins, il va falloir faire vite avant que les anciennes habitudes ne reprennent le dessus… Des messages forts, exemplaires, en cohérence avec ce discours, devront être donnés par les choix de la politique locale.

En cela, les intuitions et orientations fortes de Laudato Si' et à fortiori de la pensée sociale de l’Eglise ont pris une actualité et une pertinence que de nombreux citoyens peuvent partager.

Enfin, cette crise vous a-t-elle fait réfléchir à la notion de "bien commun" ?

Si la politique locale ne vise pas au développement et à la protection du "bien commun", il est certain que les citoyens continueront malheureusement à se détourner de plus en plus de l’action démocratique et de la représentativité politique. C’est au niveau local, de la commune, que l’enjeu est le plus évident. Mettre l’humain au centre de nos réflexions, de nos actions, de nos décisions et choix, est devenu incontournable. Aux électeurs qui ont choisi leurs équipes municipales de rappeler régulièrement à celles-ci les engagements qu’ils ont inscrits au fronton de leurs programmes, et de vérifier qu’ils les appliquent ! 

La responsabilité reçue par les urnes est grande, mais ne rend pas propriétaire de la mairie : confiée pour un temps donné, les élus doivent administrer le présent pour construire un avenir durable pour chacun. Et cela sans chercher le « bien personnel » (pouvoirs, honneurs, patrimoine …), mais le bonheur de tous les habitants qui partagent ce même petit morceau de la planète, sans oublier d’être en solidarité avec les autres, proches ou lointains… dans notre maison commune.

Propos recueillis par CEP 37

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Courriel : cep.indreetloire@gmail.com