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Homélie de la messe chrismale

"Comme l’Eglise a, de tout temps, essayé de répondre aux défis de son époque, il nous faut nous aussi nous mettre à l’écoute du monde..." Ainsi s'exprimait Mgr Aubertin, lors de la messe chrismale, ce mardi 16 avril 2019, en la cathédrale St-Gatien. Voici son homélie.

Voici que ce soir nous accueillons ce beau passage de l’évangile de Luc : « Comme il en avait l’habitude Jésus entra dans la synagogue le jour du sabbat ». Jésus proclame ce texte du Prophète Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction, il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres »… Et la finale de cet évangile : « Cette parole de l’Ecriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ».

Nous comprenons que tous aient les yeux fixés sur lui…  Lui, c’est l’Alpha et l’Omega, celui qui est, qui était et qui vient, le Tout Puissant de l’Apocalypse de saint Jean que nous venons d’entendre. Lui, c’est Jésus le Christ, le témoin fidèle, le premier né d’entre les morts…

Lui, c’est celui qui nous aime, lui qui nous a délivrés de nos péchés par son sang…   Lui, c’est celui qui vient pour la multitude des hommes, pour nous…

Lui, c’est celui qui vient annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, la libération aux captifs, aux aveugles la lumière…

Peut être que sans Lui, le Christ, nous serions comme des brebis sans berger, mais au cœur du monde qui est le nôtre, de ce monde où règnent la souffrance, les injustices, l’inquiétude, les peurs, les angoisses, Il est le roc sur lequel nous fondons notre espérance, notre force, notre générosité.

En 1965, dans sa constitution sur l’Eglise dans le monde ce temps, le Concile Vatican II rappelait que « la communauté des chrétiens se reconnaît réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire… ». Plus que jamais, il nous faut vivre cette solidarité.

Certes, ces derniers temps ont été durs pour notre Eglise, durs pour nos frères prêtres, durs pour toutes celles et tous ceux qui ont été victimes de violences innommables… la tempête qui a fait rage nous a secoués tout comme les apôtres embarqués dans la tempête, comme eux nous avons senti monter en nos cœurs ce désir de crier « Maître, cela ne te fait rien, nous périssons ». Sans doute avons-nous besoin de l’entendre nous dire : « Pourquoi avez-vous si peur, gens de peu de foi ? »  Si les soubresauts de la vie ecclésiale nous ont fait souffrir, ils ne doivent pas nous faire oublier que l’Eglise, c’est le Corps du Christ, ce Corps dont il est la tête, ce Corps que nous formons tous, nous qui avons été baptisés…  Ce Corps, cette Eglise il nous faut la réparer, rappelons nous ce que le Christ disait à François : va, répare mon Eglise, une réparation qui n’est pas seulement celle d’un bâtiment, si noble soit il, mais celle des pierres vivantes, que nous sommes, qui s’articulent autour de la Croix du Christ, autour de l’autel lieu du sacrifice, lieu de la communion et du partage.

La catastrophe d’hier nous bouleverse… elle est un appel à la renaissance et à l’espérance. Nous sommes tous profondément touchés dans notre cœur…Mais, nous le savons, toute épreuve invite au dépassement… Dans le monde entier, se lève un incroyable élan de solidarité. Il est signe d’un attachement profond, pour les uns, à nos racines, à la culture qui est la nôtre, pour les autres, le signe d'un attachement à notre foi.

Notre société est traversée par une grave crise. La crise économique touche le monde entier, elle entraîne un appauvrissement général qui touche plus durement les personnes les plus fragiles de notre société ; les pays les plus pauvres sont encore les plus touchés…

Le monde, notre monde est dur, bien sûr il y a tant d’hommes et de femmes, de jeunes, d’enfants, blessés, meurtris, défigurés, tout proches de nous peut être… Comme l’Eglise a, de tout temps, essayé de répondre aux défis de son époque, il nous faut nous aussi nous mettre à l’écoute du monde en n’oubliant pas ceux qui sont nos proches.

N’oublions pas ce Christ qui apporte un message d’espérance, un message de délivrance, une année de bienfaits… Cette parole, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit…  C’est aujourd’hui qu’elle nous est confiée. Cette parole nous la recevons comme un trésor, nous dit l’apôtre Paul, mais un trésor que nous portons dans des vases d’argile… Cette parole n’est pas n’importe quelle parole, c’est le Verbe fait chair, c’est le Christ lui-même qui  veut avoir besoin de nos cœurs, qui veut avoir besoin de nos bras.

Prêtres, diacres, religieux, religieuses, consacrés, baptisés et confirmés, nous avons été marqués de l’huile sainte qui nous a configurés au Christ. Nous portons le Christ. Que la grâce de la Messe Chrismale nous renouvelle dans la joie d’être chrétiens et dans la mission qui nous est confiée.

Dans la diversité de nos sensibilités, soyons acteurs dans le monde. Dans les débats de notre société, nous avons une parole à dire sur la vie et le devenir de l’homme, de sa naissance à sa mort… Nous avons une parole à dire, nous avons une parole à vivre…

Chers frères prêtres, nous allons renouveler dans un instant nos promesses sacerdotales. Ces derniers mois ont été rudes pour nous, pour nos communautés. Plus que jamais, il nous faut nous soutenir, nous entraider dans le respect de nos diversités. Que dans sa grâce, Jésus, le Bon Pasteur, nous confirme la joie d’être ce que nous sommes. A chaque messe, par la grâce de l’Esprit Saint, entre nos mains, le pain devient Corps livré, le vin devient Sang versé. Nos routes ne sont pas faciles tous les jours mais, nous le savons, notre ministère est essentiel. 

Entraînons-nous à vivre dans l’unité. Accueillons nous dans nos diversités, nous sommes frères les uns des autres. Vous connaissez la parole de Jésus : « On vous reconnaîtra pour mes disciples à cet amour que vous aurez les uns pour les autres ». 

Frères diacres, rappelez-nous par votre ministère le signe du Serviteur. Redites-nous l’importance de l’accueil, du malade, du pauvre, de l’exclus. Soyez attentifs à tous ceux que l’on oublie si facilement… A l’autel, vous élevez le sang du Christ, rappelez nous que nous devons aimer comme Lui jusqu’au don de notre vie.

Nous allons bénir l’huile des catéchumènes : que notre Eglise soit proposition de sens pour tous ceux et celles qui cherchent la Lumière…

Nous allons bénir l’huile des malades, que notre Eglise soit lieu de compassion, de pardon, de tendresse, de proximité simple et sereine.

Nous allons consacrer le saint Chrême, que notre Eglise devienne ce qu’elle est : une Eglise du Christ, lui qui a reçu l’onction pour porter la Bonne nouvelle aux pauvres.  

A M E N  

Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, archevêque de Tours (Photo d'archives ci-dessus)