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Le climat

A la demande de plusieurs mouvements d'Eglise, Michel Lepetit, président de Global Warning, a tenu une conférence sur la transition énergétique, fin janvier, à Tours. Compte rendu de Jean-Marie Beauvais, pour le CEAS, le Centre d'Etudes et d'Actions Sociales...

Ce 28 janvier février 2017, Bernard LECLERCQ, au nom de l’ensemble des mouvements organisateurs (CEAS, ACO, ACI, CCFD, CMR, CEP, MCC, EDC), a introduit le sujet en déplorant qu’à l’écoute des débats politiques préélectoraux actuels, la réponse à la question « quelle urgence ? » semble être « non prioritaire ! ».  Elle était pourtant d’actualité, il y a encore quelques mois, lors de la sortie de Laudato Si et de la tenue de la COP 21... Puis, B Leclercq a présenté l’orateur, Michel LEPETIT, un proche de l’économiste Gaël GIRAUD (que le CEAS avait reçu à Tours il y a deux ans). Michel LEPETIT est président de Global Warning, vice-président du Shift, expert de la chaire académique « Energie et Prospérité », et particulièrement motivé pour convaincre le monde de la banque, où il a longtemps travaillé, de financer la transition énergétique.

1 – Une sensibilisation à la transition réelle, mais trop lente vue l’urgence

L’ouvrage « Energy of the Future » de Palmer Putman date de 1953, le rapport Meadows sur les limites de la croissance de 1972, la conférence de Rio de 1992, le rapport Stern de 2006. Mais Il a fallu attendre 2016, pour que le monde financier ouvre les yeux et soit obligé de déclarer son risque climat à partir de 2017. Entre 1750 et 1970, les émissions totalisent 900 milliards de tonnes de CO2 et entre 1750 et 2011... 2.000 milliards de tonnes. La Chine a pris le relais de l’Occident et le phénomène devient exponentiel. Déjà le pH des océans est modifié. Or, il faut garder à l’esprit que l’effet des mesures prises ne sera pas immédiat vue la durée de vie du CO2.

2 – L’énergie : des enjeux plus importants qu’il n’y parait

Les investissements dans l'énergie représente plus de 10% de tous les investissements à l'échelle mondiale. Mais son poids est en fait plus important car sans énergie pas d’engrais ni de ciment, pas de transport routier ni aérien, pas de chauffage ni d’internet, etc. D’ailleurs, financièrement les enjeux sont très importants. On dépense chaque année plusieurs centaines de milliards de dollars pour trouver du pétrole (sans pour autant découvrir de nouvelles poches significatives). L’exploration compte pour 20 % de tous les investissements à l’échelle mondiale. Autre exemple : le géant pétrolier Aramco, que l’Arabie saoudite envisage de vendre, serait valorisé en bourse à plus de 2 000 milliards de dollars !

3– Quelles solutions ?... le manifeste du Shift

Pour l’orateur, il s’agit de trouver une relance compatible avec la transition, c’est-à-dire améliorer l’efficacité énergétique tout en créant des emplois. C’est justement l’idée du « Manifeste du Shift ». qui vise à décarboner l’Europe. Il repose sur 9 propositions concrètes. Par exemple : fermer les centrales au charbon ; réussir la révolution des transports en ville ; tripler le réseau des TGV ; lancer le grand chantier de rénovation des bâtiments publics ; réussir le passage à l’agriculture durable.L’intérêt de la rénovation des bâtiments publics réside dans l’effet rebond. On rencontre, cet effet, par exemple, au niveau de la mobilité des personnes : les voitures et les avions consomment moins au kilomètre, mais nous utilisons les économies ainsi réalisées, grâce à la technologie, pour voyager plus souvent et plus loin, et du coup la consommation totale ne baisse pas.

4 – Laudate Si : une critique de l’anthropomorphisme et une invitation à la frugalité

L’orateur note au passage que l’Eglise pourrait s’inspirer du Manifeste pour se lancer dans un programme de rénovation de son parc de bâtiments. Puis il remonte très loin ; à l’Ancien Testament et plus précisément à Nabuchodonosor. « Il nous a donné la seigneurie. Mais chacun de nous lui fait la guerre » (Daniel III). Il évoque ensuite St-François d’Assise (Louange de la Création) et rappelle que le Pape actuel a pris le nom de François parce que François est le saint des écologistes. Dans Laudate Si, le Pape François critique le progrès et notamment les positivistes, pour qui l’Homme a la maîtrise de la Terre sans limites. Laudate Si, c’est aussi  une invitation à la frugalité, mais Michel Lepetit ajoute : la veut-on ou bien allons-nous la subir ?  

5 – Echanges avec la salle

De multiples questions ont été posées à la fin de son exposé. A titre d’exemple : Pourquoi n’avez-vous pas évoqué le scénario Négawatt ?... Si on ne veut pas aller dans le mur, ne devons-nous pas consommer moins ?... En réponse, l’orateur a insisté sur la nécessité de trouver des financements européens pour fermer les centrales au charbon en Allemagne et en Pologne. Il a aussi appelé à une prise de conscience plus rapide sinon la décroissance restera un tabou car associée à la misère et à la récession.


 Jean-Marie Beauvais (texte et photo), pour le CEAS