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Le reniement de saint Pierre

A Vou, petit village près de Ligueil, deux tableaux se font face dans l'église communale et nous plonge au coeur de la Passion du Christ et du mystère pascal...

"C’est le matin.

Le jour est proche.

Saint Pierre est à Rome. Il est devenu l’évêque de Rome. Le poids des ans et de sa charge a voûté ses épaules, ses cheveux et sa barbe ont blanchi.

Il prie. Il prie et il attend. Il attend ce qui survient toujours au bout de la nuit, et qu’il redoute : le premier chant du cop.

Quand celui-ci résonne, à nouveau, comme chaque matin, son cœur est transpercé.

Saint Pierre se souvient.

 « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. »

Les yeux fermés, la scène qui apparaît devant lui l’étreint, et l’éblouit.

Jésus, blanc comme un linge, blanc comme un cadavre, est entre les mains de ses bourreaux.

Sous la couronne d’épines, son doux visage irradie les ténèbres, entre ceux des deux hommes qui ont pour tâche de le torturer. Le premier, dont Pierre ne voit que le dos, tire Jésus par une corde qui tient ses mains liées, tel une bête que l’on emmène à l’abattoir.

Face à lui, comme en miroir, l’autre bourreau, au sourire sardonique, dans un geste empreint de fausse déférence, l’entoure de l’un de ses bras – mais les doigts sont crochus et s’enfoncent dans l’épaule du Christ – Son autre bras retient le pan d’un long manteau de pourpre : le rouge du sang, le rouge de la royauté outragée, le rouge de la trahison, aussi.

« J’ai trahi. »

Les yeux de Pierre contiennent à peine ses larmes. Ses belles mains de travailleur de l’Evangile se serrent un peu plus, pour la prière, et pour le repentir.

Voilà. Le coq a chanté pour la dernière fois ce matin. Jusqu’à demain où, à nouveau, saint Pierre, les yeux fermés et le cœur transpercé, l’attendra."

Laurent Malendit