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Le Secours catholique publie son rapport sur la pauvreté en France. Entretien, à cette occasion, avec Michel Bonnet, président départemental.

Qui avez-vous accueilli en 2021 ?

940 000 personnes ont été accueillies en France par le Secours catholique : 29% de famille monoparentale, 22% d'hommes seuls, 18% de femmes seules et 27% de couples. La part des étrangers a été de 47%. Parmi ceux-ci, 62% étaient soit en attente de régularisation (32%) soit en situation irrégulière (30%)

Est-ce pareil en Indre-et-Loire ?

En Indre-et-Loire, nous estimons que nous accueillons 3600 personnes par an dont 45% sont des étrangers (pour l'agglo de Tours, c'est plutôt 70%).

A noter l'augmentation des familles monoparentales et le vieillissement des personnes seules.

De quelles ressources ces personnes disposent-elles ? 

Les personnes accueillies en 2021 avaient un niveau de vie médian de 548 € par mois. On rapporte cela au seuil de pauvreté de 1132 €  (60% du revenu médian français de 1887€). Il est estimé que sur cette somme, 69% sont des dépenses contraintes et qu'il reste donc environ 7,5 € par jour et par "unité consommateur" pour vivre. (cf. p14 du rapport)

Pourquoi ces personnes ont-elles si peu de revenu ?

Il s'agit bien sûr d'une moyenne.

La plupart des personnes que nous recevons n'a pas de travail. Lorsqu'ils ont la possibilité d'en trouver un, ils ne viennent généralement plus dans nos accueils.

Les étrangers en situation irrégulière n'ont généralement pas de revenu fixe et se débrouillent comme ils peuvent pour survivre. Les autres, étrangers ou français, sont généralement bénéficiaires des minima sociaux ou du RSA pour ceux qui peuvent en bénéficier. Nous estimons cependant que 30% des personnes qui pourraient bénéficier de ces aides ne les demandent pas. L'accès au droits est une préoccupation importante pour nous et nous contribuons à diminuer ce non recours en aidant aux démarches administratives L'automatisation prévue des versements en 2023 permettra sans doute de diminuer ce taux.

Il faut cependant noter l'exception des personnes qui viennent nous voir sans avoir problème financier, mais souffrent de la solitude. Ils participent notamment à nos groupes conviviaux et à nos sorties.

Quels effets ont pu avoir certains aides ? 

Les aides ponctuelles n'ont eu qu'un effet limité.

Pour ce qui nous concerne en Indre-et-Loire, les demandes d'aide financière ont augmenté de manière importante puisque ce que nous avons donné sur les 10 mois 2022 a progressé de 34 % en 1 an. Les postes principaux des 955 secours accordés fin octobre sont les suivants :

  • Alimentaire + cantines : 19%
  • Energie +eau : 18%
  • Transport + assurance : 14%
  • Timbres fiscaux pour étrangers : 9%
  • Santé : 9%
  • Loyers & charges + hôtels : 7%
  • Mobilier & équipement : 5%

Que préconisez-vous pour lutter contre l’extrême pauvreté ?

D'abord, nous demandons de rassembler plutôt que de stigmatiser. On ne choisit pas d’être pauvre. Ce n’est ni un choix ni une fatalité. Changer le regard sur les personnes en situation de pauvreté est essentiel.

On peut aussi préconiser de :

-Aider ceux qui en ont le plus besoin : familles monoparentales, femmes seules…

- Mesurer systématiquement l’impact de toute décision économique ou politique sur les plus pauvres ;

- Favoriser l’accès à l’emploi : chômeurs de longue durée (l'initiative "Territoire Zéro Chomeur Longue Durée" est limitée mais intéressante) ;

- Diminuer l’instabilité du statut légal des étrangers ;

- Relever les minima sociaux : préconisation 40% du revenu médian (actuellement 755 € par mois) + indexation sur l'inflation comme le SMIC ;

- Faire accéder au RSA les 18-25 ans et les étrangers en situation régulière ;

- Lutter contre le non recours aux prestations sociales ;

- Apporter un soutien financier direct à une alimentation de qualité et permettre à tous les enfants d'accéder aux cantines scolaires ;

- Accélérer la rénovation thermique des logements ;

Indépendamment de cela, à Tours, les hébergements d'urgence ne sont pas suffisants et il y a beaucoup de refus quotidiens au 115. Malgré le recours à des chambres d'hôtel, des familles avec jeunes enfants n'ont actuellement pas d'hébergement ce qui est inquiétant à l'approche de l'hiver.

Propos recueillis auprès de Michel Bonnet, président départemental du Secours Catholique

CONSULTER le rapport 2022

CONTACT :

Courriel : indreetloire@secours-catholique.org

A noter :

La délégation d'Indre-et-Loire, c'est 340 bénévoles et 6 salariées, avec une présence dans 22 communes dont 16 hors métropole.