Aller au menuAller au contenu

AccueilActualitésAppelés à la vérité, appelés à la sainteté

Archives

Appelés à la vérité, appelés à la sainteté

"Pêcheurs, nous le sommes tous. En ce début du carême, nous n’avons pas à nous juger et encore moins à juger les autres, mais nous sommes appelés à la sincérité, à la vérité… " Ainsi s'exprimait Mgr Aubertin, ce 5 mars, à la cathédrale, lors de la messe des cendres. Voici son homélie.

Nous voici aux portes du Carême où nous allons recevoir les cendres. Le prêtre dépose un peu de cendres sur le front de chaque fidèle, en signe de la fragilité de l’homme, mais aussi de l’espérance en la miséricorde de Dieu. Tout en le marquant, le prêtre dit au fidèle : « Convertissez vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». L’Evangile de ce jour est un passage de saint Matthieu au chapitre 6, un passage qui incite les fidèles à prier et agir, non pas de manière orgueilleuse et ostentatoire, mais dans le secret de leur cœur… « Quand tu fais l’aumône que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra… Quand tu pries, retire toi dans la pièce la plus retirée, ferme la porte et prie ton Père qui est présent dans le secret… Quand tu jeûnes, parfume toi la tête et lave toi le visage, ainsi ton jeûne ne sera pas connu des hommes mais seulement du Père qui est présent au plus secret. »

Frères et Sœurs, nous allons venir recevoir les cendres. En faisant cette démarche, nous n’accomplissons pas un rite magique… nous posons un signe qui s’enracine dans la nuit des temps mais qui vient manifester que nous prenons notre place dans la file des pécheurs… et le premier de ces pécheurs à recevoir les cendres, c’est votre évêque, puis ce sont les clercs et chacun peut librement se présenter humblement devant le ministre… Pêcheurs, nous le sommes tous. En ce début du carême, nous n’avons pas à nous juger et encore moins à juger les autres, mais nous sommes appelés à la sincérité, à la vérité… pécheurs nous le sommes tous, mais appelés à la sainteté nous le sommes tous également… En nous présentant pour recevoir ces cendres, nous reconnaissons notre péché, mais nous professons également notre foi en Celui qui est pardon, miséricorde…  Foi en celui qui nous dit : ta foi t’a sauvé, va et ne pêche plus…

En ces jours difficiles que nous vivons, je lisais un éditorial dont le titre était : « Hurler avec les loups ou pratiquer la politique de l’autruche ? »Sans doute l’attitude juste se trouve au delà de cette alternative, il faut accueillir positivement les critiques, mais sans se prendre dans le filet de la manipulation… Bien sûr, ce n’est pas parce que sur le plan médiatique l’Eglise est davantage attaquée que d’autres institutions qu’elle n’a pas à regarder avec sérieux  le mal avec lequel certains de ses membres ont pu pactiser et  il faut en tirer les conséquences… Lorsque les remontées se font, il faut certes prendre le temps de la pondération, le temps du recul…  celui d’un juste positionnement dans les lieux et dans le temps… Comme dans toutes les grandes crises, il faudra du courage et du temps… l’histoire nous invite à la sérénité, à l’expérience, à la patience, mais aussi à l’espérance et à la foi.

Certes tant qu’il y aura des hommes, il y aura de la tentation, de la trahison et du péché…  Mais ne laissons pas nos regards se focaliser sur les seules ténèbres de nos vies… L’Eglise dont nous sommes est aussi capable du meilleur… tant de vies données dans le passé ou de nos jours  nous le rappellent…

Que ce temps de carême soit un temps de conversion, de retournement, non pas de rumination morbide, mais un temps d’accueil du pardon, d’accueil de la grâce qui nous remet debout, qui nous rend la joie d’être sauvé… Le Carême nous prépare à accueillir la vie… Le carême est le temps de la miséricorde accordée à ceux qui humblement accueillent la vérité, cette vérité qui rend libre…

Mgr Bernard-Nicolas, archevêque de Tours,
mercredi 6 mars 2019, en la cathédrale St-Gatien