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"Dieu ou le monde"

Pourquoi l'Église n'est-elle pas un parti ? En quoi un chrétien n'est-il pas un militant ? Mais de quoi chaque catholique doit-il être le témoin pour rendre compte de sa foi ?... Être au monde sans être du monde, tel est le chemin que dessine ce livre de don Maxence Bertrand, prêtre de la Communauté Saint-Martin, en ministère dans le diocèse de Tours depuis six ans.

A qui, à quoi avez-vous pensé en rédigeant ce livre ? 

J’ai écrit cet essai au mois d’octobre dernier, lors des fortes tensions liées à la liberté de culte. Mais aussi au moment des débats sur les questions familiales et bioéthiques. Dans ces moments éprouvants, il m’est apparu nécessaire de revenir à l’évangile pour me laisser éprouver et conduire par la grâce. 

Vous parlez d’une troisième voie. À quoi fait-elle référence ?

Au Christ lui-même dans l’Évangile. Quand on demande à Jésus de choisir entre Dieu et César à l’occasion d’une dispute sur la légitimité de l’impôt, Jésus rend justice à César mais en même temps il rend gloire à Dieu. Les pharisiens et les hérodiens voulaient que Jésus prenne parti pour Dieu seul ou pour César seul. Mais Jésus a ouvert une troisième, celle de la foi qui sait œuvrer pour la justice et rendre gloire à Dieu. Aujourd’hui encore, il existe deux pièges pour les chrétiens : le piège d’aimer le monde en oubliant Dieu. Et le piège de résister au monde au nom de la foi… mais avec les moyens du monde. 

Cette troisième voie repose sur des « dispositions intérieures ». De quoi s’agit-il ?

Ces dispositions sont une façon de se rendre disponible à l’Esprit-Saint. Je me suis appuyé sur quelques grands témoins. Saint Paul dans sa deuxième lettre aux Corinthiens encourage les chrétiens de Corinthe à devenir des ambassadeurs de Dieu. Or l’ambassadeur doit connaître et aimer le pays auquel il est envoyé pour faire aimer et connaître le sien. Cette bienveillance constitue une de ces attitudes évangéliques. Saint Jean Chrysostome, saint Thomas d’Aquin, Blaise Pascal, Charles Péguy ou le pape François lui-même m’ont servi de guides dans cette réflexion pour évoquer l’amour de Dieu pour chaque personne humaine, le défi de rentrer dans le monde et de ne pas en rester le spectateur, la grâce de savoir compatir et accompagner celui qui cherche Dieu en continuant moi-même à le chercher, la grâce aussi de savoir m’approcher de la pauvreté de l’autre sans peur. 

Comment développer ces dispositions ?

Ces quelques dispositions intérieures nous sont données par le Christ. Dans une crise, il y a ceux qui cherchent à comprendre et ceux qui cherchent à aimer et à servir. Les deux sont nécessaires. Mais il arrive que le besoin de comprendre les événements accapare notre énergie et anesthésie peu à peu notre cœur. Il faut demander au Seigneur de nous ouvrir les yeux et le cœur, comme le bon samaritain. Prier et imiter l’intelligence des saints qui ont su naturellement ou plutôt surnaturellement aimer dans des moments où il est plus facile de se recroqueviller et de se tendre. 

Est-ce à la portée de tout le monde ?

Oui et les saints en sont le témoignage vivant. Thomas More ou Jeanne d’Arc nous le montrent. L’intelligence de la foi n’est pas l’intelligence des savants : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » (Mt 11, 25). L’ingéniosité de la charité, c’est-à-dire le fait de savoir comment aimer concrètement de manière inventive et nouvelle, ce n’est pas une affaire d’intelligence de la tête, mais d’intelligence du cœur et souvent les petits sont nos maîtres. 

À travers cet essai, finalement, quel message voulez-vous délivrer ?

À travers les diverses crises que nous vivons Dieu est fidèle. L’Esprit-Saint conduit l’Église et nous conduit personnellement. Dans la crise industrielle du XIXe siècle, saint Jean Bosco a fondé des écoles et des patronages. Dans la crise sanitaire et dans la crise du sens que nous vivons aujourd’hui, où est-ce que l’Esprit-Saint nous conduit ? Quelles seront les fruits évangéliques du XXIe siècle ?

Dieu ou le monde ? L'engagement chrétien
Maxence Bertrand,
15 €, 152 pages, Les Editions du Cerf,
Mai 2021

A noter :

  • Dédicaces du livre à la librairie St-Etienne (Tours) vendredi 11 juin, de 16h à 18h30. 
  • Livre également disponible à la bibliothèque diocésaine (Tél. 02 47 31 14 45)